GIEC

LE GIEC, urgence climat

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les rapports du GIEC sont dans ce livre. C'est vraiment le meilleur qu'on ait lu sur le sujet, parce qu'il est très respectueux du texte et de la pensée du GIEC, très pédagogue et explicatif, sans interprétation ni biais, contrairement à ce que l'on trouve souvent ailleurs. A ce titre, Sylvestre HUET, journaliste et auteur de l'ouvrage, a fait un travail remarquable, d'ailleurs salué dans sa préface par Jean Jouzel, le célèbre climatologue.

Classiquement, le livre commence par un avant-propos qui nous rappelle l'histoire du GIEC, de façon très intéressante. Ensuite, chaque partie va suivre un rapport du GIEC : d'abord le rapport du groupe 1 sur la physique du climat, puis celui du groupe 2 sur les impacts, l'adaptation et les vulnérabilités, puis le rapport du groupe 3 sur l'atténuation.

En plus des nombreuses informations qu'il apporte, l'ouvrage est illustré de schémas bienvenus pour améliorer la compréhension et mieux saisir les rapports de valeurs. La partie 2 sur les impacts est particulièrement intéressante car elle reprend les différents scénarios de réchauffement et dévoile des conséquences catastrophiques en chaine tout en dénonçant les fausses bonnes idées, comme certains projets de géothermie par exemple. La partie 3 est très claire sur les phénomènes inquiétants comme la montée des inégalités, les problématiques de mégalopoles urbaines en croissance, etc., sur l'inaction des décideurs sur le sujet et le sous financement absolu des actions de lutte et d'adaptation au réchauffement climatique.

La conclusion est un vrai condensé de notre époque et de ses enjeux, à lire absolument. Nous vous en livrons un passage en guide de conclusion à cette chronique : " Parce que le capitalisme ? C'est l'un des slogans les plus repris dans les manifestations pour "sauver le climat". Ce n'est pas faux. Quels sont les moteurs principaux de l'économie capitaliste ? La recherche du rendement financier maximum dans le temps le plus court possible, l'accumulation des richesses vers les détenteurs de capitaux, des "super-riches" desquels la richesse est sensée "ruisseler", la concurrence effrénée entre entreprises pour conquérir des marchés à coup d'innovations réelles ou factices  et de publicités massives colonisant l'imaginaire des populations afin de booster les consommations, la spécialisation des territoires. Tout cela est avéré. Ce sont des totems de la pensée économique et des pratiques politiques dominantes. Ce sont des machines à émettre des gaz à effet de serre sans se soucier des conséquences. C'est très probablement la cause majeure, la plus difficile à combattre, de la trajectoire actuelle des émissions".

 

GIEC, Urgence climat, de Sylvestre HUET, aux éditions TALLANDIER, 2022

 

 

A coté de nous le déluge

On ne va pas vous mentir : le livre du sociologie allemand Stephan LESSENICH n'est pas forcément facile à lire. Mais son analyse de notre "société d'externalisation" n'en reste pas moins extrêmement pertinente et très enrichissante pour qui s'intéresse aux relations NORD/SUD et plus particulièrement à la spoliation du SUD par le NORD. Non pas après nous, mais à côté de nous. Une situation qui affecte dès à présent le système économique planétaire. 

Le livre nous captive dès le début en nous relatant la catastrophe de Bento Rodrigues dans l'état brésilien du Minas Gervais : la rupture du barrage de deux bassins de rétention des eaux usées d'une mine de fer (l'équivalent de 25000 piscines olympiques) se déversent dans le RIO DOCE, le fleuve voisin. Une coulée de 853 km de long, charriant du fer, du plomb, du mercure, du zinc, de l'arsenic et du nickel laisse derrière elle une écosystème ravagé. Ce terrible accident n'est qu'une illustration des terribles conditions imposées par les pays exploitants aux pays exploités.

Depuis l'origine de l'industrialisation capitaliste, la stratégie des pays du NORD a toujours consisté à faire porter le poids de leur développement à d'autres. Ainsi, en regard de la question environnementale, le problème n'est pas tant que nous vivions au dessus de nos moyens, mais que nous vivions au dessus des moyens des autres.

Très riche en exemples, À côté de nous le déluge ajoute aux théories « centre – périphérie » une dimension écologique essentielle, mais aussi l’évidence, pour les citoyens du Nord devenus aveugles, de la normalité d’une consommation de masse. Le concept classique d’externalisation fait bien ressortir comment le Nord trouve toutes ses ressources à bas prix à partir du Sud – même s’il existe des poches de richesse dans le Sud –, auquel il retourne ses déchets. Mais les changements climatiques, comme la crise des réfugiés, rendent visibles les impacts de cette société d’externalisation et son prix. Car la société monde ne dispose plus de zones externes pour se maintenir, contrairement aux révolutions industrielles du XIXe siècle.

Un excellent livre d'analyse et de remise ne cause du système socio-économique actuel.

 

A coté de nous le déluge, Stephan LESSENICH, aux éditions EcosSociété, 2019

Ralentir ou Périr

Depuis la parution de sa thèse en 2019 (The political economy of degrowth), Timothée Parrique est sans doute l'un des économistes qui fait le plus parler... et pas seulement de lui, mais bien du fameux concept de DECROISSANCE. 

Son livre RALENTIR OU PERIR paru en septembre 2022 est un ouvrage très pédagogue sur l'économie en général, les concepts de croissance et de PIB en particulier. Car l'auteur déconstruit pas à pas le mythe de la croissance génératrice de progrès et va même jusqu'à démontrer pourquoi nous n'avons pas besoin de croissance pour éradiquer la pauvreté. "La croissance est écologiquement insoutenable, socialement insupportable, et politiquement futile ; elle détruit le monde du vivant, épuise les communautés, et tout cela sans augmenter le bien-être."

Face aux injonctions du "produire plus", l'auteur démontrer à quel point le PIB n'est plus un bon indicateur économique aujourd'hui car il ne prend pas en compte les dommages environnementaux et sociaux. A l'inverse " une économie « en décroissance » ferait l’expérience d’une réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être". Elle répondrait directement aux contradictions sociales dont la dévalorisation du travail et la montée des inégalités sont la partie la plus visible, mais aussi aux contradictions écologiques faites de réchauffement du climat, d’épuisement des ressources, de perte de biodiversité et de pollutions multiples, auxquelles se sont ajoutées la guerre en Europe déclenchée par l’impérialisme russe et la montée de l’inflation, déjà perceptible depuis plus de dix ans sur les matières premières, notamment agricoles.

C'est certainement l'une des grandes forces de l'ouvrage que de nous montrer les limites sociales et pas uniquement écologiques de la croissance. Une autre est de démolir le concept de "croissance verte" et de "découplage", déjà bien attaquées par de nombreux scientifiques.

Au final, l'auteur plaide pour une société de la "post-croissance" : "abandonner la poursuite de la lucrativité. La recherche effrénée des profits est aujourd’hui un obstacle à la transition écologique, et cette logique du "grow-or-perish" n’est absolument pas compatible avec l’idéal d’une économie harmonieuse et parcimonieuse dans un régime de post-croissance. Graduellement, il va falloir transformer toutes nos entreprises en coopératives à lucrativité limitée, suivant le modèle des Sociétés Coopératives d’intérêt collectif (Scics). La plupart des entreprises doivent s’ancrer dans des territoires, se démocratiser, souvent réduire leur taille afin de pouvoir fonctionner démocratiquement et, je le répète : abandonner cette obsession pour la valeur financière".

 

RALENTIR OU PERIR de Thimothée Parrique aux éditions du SEUIL - 2022

 

 

MANGER ET SAUVER LA PLANETE

Paru dans la collection FAKE or NOT, le livre MANGER DEMAIN de Frédéric WALLET est un ouvrage à recommander au plus grand nombre car il est très pédagogue, illustré chiffres et de graphiques très parlants :

"La France ne produit que 59% des fruits et légumes qu'elle consomme"

"3350 km en moyenne entre leur lieu de production et leur lieu de consommation"

"les hyper et les supermarchés concentrent 64.5% de nos achats alimentaires"

L'ouvrage nous emmène d'abord à la re-découverte du paysage agricole français qui est bien loin de l'image d'Epinal du petit paysan. En quelques décennies, grâce au pétrole, aux machines, aux engrais, etc. les gains de productivité de l'agriculture ont été multipliés parfois jusqu'à 1000 et pourtant aujourd'hui, certaines fermes ne nourrissent plus leur fermier. Et rajoutons que 20% des sols en France sont menacés d'érosion, sachant qu'il faut entre 200 et 1000 ans pour former 1cm de sol arable. 

Après la production, parlons consommation dans le chapitre intitulé "qu'est-ce qu'on mange ?". Nous partons à la découverte de la déstructuration de notre alimentation, de l'impact des contenus de nos assiettes, concernant la viande bien sur, mais aussi le poisson : la pêche industrielle mobilise environ 1% des navires pour 50% des tonnages prélevés !

Enfin, le dernier chapitre se fait plus prospectif et l'avenir ne semble pas bien brillant. Ne nous faisons pas d'illusions : ni les fermes verticales, ni la viande in vitro, ni les insectes ne répondront aux besoins alimentaires humains dans les années qui viennent. Il est temps d'anticiper un possible retour des pénuries alimentaires en France. La question cruciale est donc celle de notre autonomie alimentaire : en France et en Europe, seulement 2 à %% des surfaces cultivées sont consacrées aux légumineuses, qui apportent des protéines végétales et peuvent remplacer les protéines animales. 

Un petit quiz accompagné d'un mode d'emploi pour transformer son alimentation concluent l'ouvrage.

Ne le manquez pas, c'est vraiment un livre à avoir dans sa bibliothèque !

 

MANGER DEMAIN? de Frédéric WALLET, éditions TANA, septembre 2021.

 

 

 

Parlons Climat en 30 questions

C'est le petit livre de poche à emmener partout, pour avoir toujours sur soi les réponses à toutes les questions sur le climat  !

Très pédagogue et illustré de graphiques, on dirait presque un ouvrage scolaire tant les auteurs, Christophe CASSOU et Valérie MASSON DELMOTTE, se sont attachés à rendre les notions parfois complexes liés à la climatologie, accessibles au plus grand nombre. 

Chaque chapitre nous présente une réponse à une question donnée, par exemple "quelles incertitudes pèsent sur les futurs possibles ," Quels liens entre inégalités et changement climatique ? ", "peut-on manipuler le climat via la géo-ingénierie" , etc.

Chaque réponse est donnée en un ou deux paragraphes courts, sur une seule page, argumentée de données et de chiffres très bien choisis, la seconde étant consacrée aux illustrations (beaucoup de graphiques et courbes d'évolution) et aux encadrés explicatifs sur des notions particulières ou des questions. 

Le livre se termine par des questions adressées par le public ("en quoi le contenu de nos assiettes est-il lié au changement climatique", "les villes, des acteurs clés pour le climat ? ", "Le film Dont' look up, une alerte efficace ? ", suivi d'un glossaire complet et très bien rédigé. Enfin, une bibliographie et une sitothèque invitent le lecteur à approfondir ses connaissances.

Ce petit livre très instructif, se parcourt très vite et avec le plaisir renouvelé de comprendre et d'apprendre les notions essentielles que nous devrions tous connaitre aujourd'hui. Un très bon ouvrage, simple et très utile !

 

Parlons Climat en 30 questions (2ème édition) - Christophe CASSOU et Valérie MASSON-DELMOTTE - Editions la Documentation Française - 2022